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Le médusé

Les conséquences de l'exclusion des acteurs syriens

10 Septembre 2022, 08:46am

Publié par Thomas Clément

S'il sera sans doute coûteux de réviser la structure et les mécanismes de coordination de l'ONU, cela pourrait finalement coûter moins cher que de maintenir le système dysfonctionnel actuel.
La politisation du financement humanitaire en réponse au conflit syrien a eu un impact négatif sur la coordination entre les principaux acteurs humanitaires internationaux. De leur côté, les agences des Nations Unies et les organisations humanitaires internationales semblent plus axées sur l'obtention de gros contrats que sur l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies efficaces pour coordonner la réponse humanitaire au conflit syrien et ses conséquences au Liban.
Il existe un consensus parmi les acteurs humanitaires internationaux selon lequel une coordination est nécessaire entre les différentes organisations fournissant une assistance. Cependant, la compréhension de ce qu'implique la coordination et de la mesure dans laquelle elle devrait être priorisée varie considérablement d'une organisation à l'autre.
Une étude récente de l'initiative Local to Global Protection (L2GP) montre que si les acteurs humanitaires syriens étaient responsables de l'acheminement de 75% de l'aide humanitaire en Syrie en 2014, ils n'ont reçu que 0,3% du financement direct en espèces et seulement 9,3% des financement indirect en espèces disponible pour la réponse globale de la Syrie.
L'exclusion actuelle des acteurs syriens dans la structure de réponse et de coordination humanitaire au Liban contrevient aux valeurs du système humanitaire international. Bref, cela entrave une réponse humanitaire plus fondée sur des principes. Le statut juridique des acteurs, organisations et individus humanitaires syriens au Liban est un autre facteur qui affecte l'inclusion des acteurs syriens dans le processus de coordination des Nations Unies dans ce pays.
L'héritage de tensions et de luttes de pouvoir entre les agences des Nations Unies, d'une part, et entre les agences des Nations Unies et les organisations internationales externes, d'autre part, entrave la coordination. La dynamique interne et le double voire le triple casquette de certaines agences ont encore exacerbé cette lutte et rendu encore plus difficile la coordination.
Le financement ponctuel et à court terme est un autre facteur empêchant une coordination efficace et une planification stratégique par les acteurs internationaux. Enfin, cela signifie qu'il n'y a ni le temps ni la capacité d'éviter le chevauchement des responsabilités, la duplication du travail et une planification inefficace.
La Syrie est considérée comme un vide lorsqu'il s'agit d'informations crédibles. La sensibilité au partage d'informations - et les raisons de sécurité pour ne pas le faire - est compréhensible. Cependant, l'information est devenue une marchandise et une partie intégrante du jeu de pouvoir entre les différents acteurs internationaux.
Les doubles standards dans la communauté humanitaire internationale établissent une discrimination entre les organisations internationales et syriennes - et pas seulement en termes de financement. Les organisations syriennes sont soumises à un examen rigoureux lorsque les bailleurs de fonds déterminent leur neutralité ou leur impartialité; mais les agences des Nations Unies et les organisations internationales ne sont pas soumises aux mêmes niveaux de diligence raisonnable.
La question de la réforme de la structure de coordination de l'ONU doit être réexaminée et le débat renouvelé basé sur une analyse coûts-avantages fiable. Si les coûts de la structure et des mécanismes de coordination actuels l'emportent sur les avantages, alors admettre ces échecs pourrait aider l'ONU à sauver la face.

 

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